Tu suivras le lapin blanc (ou pas)

Publication : 28 novembre 2020 – Femina Corse Matin

NB : La lecture de cette chronique nécessite d’être armée d’un stylo

Tu prends la pilule bleue, l’histoire s’arrête là, tu te réveilles dans ton lit, et tu crois ce que tu veux. Tu prends la pilule rouge, tu restes au Pays des Merveilles et je te montre jusqu’où va le terrier. 

MATRIX, 1999.

Ah, les années 2000. Vingt ans dans la vue, boum, et une pandémie plus tard pour comprendre enfin/peut-être que nous avons dormi trop longtemps. 

Je ne serai pas fataliste, tu ne seras pas fataliste, nous ne serons pas…

La pilule bleue, vraiment ?

Bleu comme le ciel qu’on a encore le droit de voir, comme la mer où l’on a encore à peu près le droit d’aller. La pilule bleue qui fait rêver au saut du lit : de la dinde de Noël ou des huîtres, ou du champagne (rayez les mentions inutiles). Du coup de fusil du nouvel an (ou des 28, 29, 30 novembre : encore une fois, rayez les mentions inutiles), des soldes en janvier et – voyons grand, voyons loin – des oursinades au printemps. 

La pilule bleue, elle aide à faire passer l’autre pilule sous couvert d’une ciucciarella d’illusions, tout en faisant de nous des masochistes en puissance.

La pilule bleue, c’est pas vraiment la solution de facilité, c’est la résilience dans l’adversité. 

La pilule bleue érige l’ordinaire en extraordinaire durant à peu près cinq heures, rien de neuf sous le soleil en somme.

Je ne serai pas fataliste, tu ne seras pas fataliste, nous ne serons pas…

Et la pilule rouge ?

Celle de toutes les promesses du masque – mais pas de la plume, joker ! 

Le lapin blanc a voyagé en Asie, il a muté sur un marché et pas dans un labo à ce qu’il paraît. Il a le pelage vermeil et les yeux bleu Monory (soyez curieux, la reine de cœur nous en donne encore le droit virtuellement). Il est de retour au pays des merveilles pour jouer un mauvais tour de type bactériologique avec attaque postillons d’automne qui démonte ses copains des bois : Mad Max featuring ma Sorcière bien aimée sans Jean-Pierre le rabat-joie – mais avec Neo, ça compense grave. Soient des masques (encore), des bagnoles et des tours de magie en guise de passe d’arme pour « démonter » les barrages de contrôle à Poretta (Figari, Calvi, Ajaccio : rayez les… etc).

Et Alice dans tout ça ? Alice, c’est toi, plus moi, plus toutes celles qui le veulent (plus lui, plus elle et toutes celles qui sont seules). 

Nous voilà bien.

Et j’ai bien une idée : si on croquait dans les deux pilules ? Oui ? Non ? Vous croyez que ça ne va pas être possible non plus ?

Les jours pairs, la pilule bleue. Les jours impairs, la rouge. 

Les jours de pluie, la bleue. Les jours de Libecciu, la rouge – winter is coming.

En faisant le pari que ces graines de l’ordinaire et de l’extraordinaire semées dans nos jardins d’hiver (des délices/de Babylone/de l’Empereur) accouchent de plantes mutantes qui fleuriront au printemps. 

Fauchées en été, et pas fatalistes, on a dit. 

Allez, venez, au bal masqué. Olé, olé.

Parce que finalement, au fond, “we are all mad here” – and now, surtout. 

Lewis Carroll, 1865.

Vraiment, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

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