Tu retomberas amoureuse

Publication : 12 décembre 2020 – Femina Corse Matin

— Qu’as-tu pensé (…), la première fois qu’on s’est vu ?
— Toi, commence.
— J’ai pensé que tu étais… Comme un matin de Noël, plein de présents. C’est la seule façon de le décrire. 
— Et pourquoi me le dire maintenant ?
— C’est à la fin qu’on repense au commencement, non ? Enfin, voilà j’voulais que tu le saches.

MR & MRS SMITH, 2005.

Mots doux, bataille de parpaings et magie de Noël. C’est cadeau, un peu de baume au cœur au bal masqué de cette drôle de fin d’année, car l’espoir est à nouveau permis : nous avons de fortes chances de toutes nous retrouver autour d’une dinde. 

Et personne ne sera en retard puisque le lapin (mutant) ne cavalera plus en avant mais sera servi en civet à celles qui n’aiment pas la volaille (possibilité d’opter éventuellement pour le confit.né.ni de canard).

Autre nouvelle, le labo qui a inventé la pilule bleue (celle qui promet monts et merveilles pendant environ cinq heures, pas celle d’Alice) est en passe d’homologuer le vaccin qui va tout changer, tout solutionner. Un véritable miracle de Noël en somme ; certains diront que ça relève quasiment du divin.

Désolée, vraiment : de vous avoir vendu simultanément le rêve hollywoodien et le rêve survivaliste pendant quatre semaines, de vous avoir donné des conseils périlleux ad hoc, d’avoir combattu (entretenu ?) le fatalisme, pour finalement arriver à un dénouement aussi téléphoné que celui d’une comédie romantique de Noël. 

Le twist ultime de cette saison deux, c’est donc l’amour, encore et toujours ? L’amour universel qui triomphe, qui n’est pas mort comme le soleil.

On en parle du rugissement de l’enfant/gosse/pokémon/monstre au pied du sapin parce que les présents en question sont pas sur la liste ? 

« L’année prochaine, vous aurez des abonnements à des cours de soutien en ligne. »

On en parle de la bûche trop crémeuse/sucrée/aplatie/moche pointée du doigt par belle maman avec un rictus trop bienveillant pour être honnête ? 

« L’année prochaine, on ira chez ma mère. »

On en parle du body taille trente-huit offert par sa moitié ? Sauf que deux Lockdown Therapy plus tard, on a deux (mille) onces en sus sur les hanches, et lui de la mer… euh, des paillettes dans les yeux. 

« L’année prochaine, tu m’achèteras des diamants. »

Soupir. C’était bien Mad Max, les masques. La pilule rouge. Tout ça, tout ça.

Alors oui, Sam la sorcière bien aimée n’aura pas sa veillée de Noël illégale rockn’roll à la fin de la saison deux, mais cette virée en terre inconnue et hostile risque de changer la donne au pied de la dinde.

Et ne désespérons pas, tout peut encore arriver ; l’hiver est là, il n’est pas fini. Désormais, nous sommes prêtes pour la saison trois : masquées, réalistes, pas fatalistes.

Et plus amoureuses encore, de la liberté et de la vie avant tout. D’avant ou d’après, on s’en fout ; qu’importe le flacon pourvu qu’on ait la truffe, les oursins, la santé. 

Et puis les mendiants et les marrons glacés tant qu’à faire…
« – Dis donc mec, t’as l’heure s’te plaît ?
– Tu tombes bien mon loulou, j’ai remonté ma pendule… Regarde ! Dans deux secondes, je te fais couiner le nez et je te fous ton calebard sur la tête. »

The Mask, 1994.

C’est toujours à la fin qu’on repense au commencement, en soupirant de nostalgie. 

Belles fêtes à toutes celles qui le veulent (plus lui, plus elle et toutes celles qui sont seules). On l’a mérité, cette année !

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