Publication : 21 février 2021 – Femina Corse Matin
La vraie réussite d’une équipe, c’est d’assurer la compétitivité dans la pérennité.
Alain Prost
D’abord, il y a les teams qui ont fait faillite.
Drapeau rouge. Rideau. So sorry.
Il y a les teams qui enchaînent les sorties de route mais qui tiennent quand même.
Peu mieux faire avec encouragements des commissaires.
Il y a les teams d’un soir, voire d’une heure, qui persistent et signent dans l’adversité parce que c’est plus facile et qu’il ne faut pas se laisser abattre.
Il y a les teams tout neufs et prometteurs – pas que des beaux jours.
Il y a les teams à géométrie variable qui télétravaillent à coups de conf call ambitieuses.
Et enfin, il y a les teams historiques, toujours en place deux confinements plus tard.
Les fous, les audacieux qui n’attendront pas que le monde tourne à nouveau dans le bon sens pour changer de régime alimentaire.
Qui essaient, qui goûtent, qui dérapent, qui recommencent, qui reprennent la route avec les légumes de saison du panier d’hiver de la MAP dans le coffre.
Ceux-là s’étreignent sur des airs, vieux ou jeunes, qui disent leurs rêves passés, présents, go future. Ceux-là hibernent à la manière des ours en attendant que le soleil perce à nouveau – parce que pourquoi pas, après tout. Ceux-là marathonent dans les mondes parallèles de la fée Netflix. Ceux-là ne rêvent plus de voyages exotiques et partent en virée tantrique dans un coin du salon. Ceux-là organisent des carambolages sur banquette arrière dans des parkings souterrains, avec l’adrénaline de cambrioleurs de banques. Ceux-là bravent les interdits. Ceux-là déménagent pour changer d’air quand il est permis de respirer un peu. Ceux-là boivent et mangent beaucoup – et tant pis pour l’exigence estivale esthétique des prochains mois. Ceux-là osent faire des enfants en ces temps incertains. Ceux-là continuent à grimper de dangereuses falaises. Ceux-là prennent même la mer, au sens propre comme au figuré. Ceux-là ont tout compris.
Ceux-là lisent peut-être ces lignes et pourraient partager encore plus de données avec ceux qui en manquent, ceux qui sont sur le point de jeter le tablier et le volant.
Juste le tablier, alors : l’amour ça tâche tellement que ça doit se voir et se savoir à l’heure où nos cinq à sept sont devenus aussi palpitants que l’épilogue d’un épisode de l’inspecteur Derrick.
Le couple, grand ou petit, jeune ou ancestral, covid ou pas, ça reste la prise de risque permanente de la cuisine de haut-vol couplée à la course de grande vitesse. En cette ère 19.2 (voire 19.3, et même 19.4 : merci le Brésil et l’Afrique du Sud), il est plus que jamais le moment de réinventer la recette.
« Ça, c’est mon espace de danse et ça, c’est ton espace de danse. Tu n’envahis pas mon espace, je n’envahis pas ton espace. » Dirty Dancing, 1987.
Sans oublier les fondamentaux quand même !